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1er mai : le printemps fait fleurir des droits

30/04/2025

Auteurice : Coopaname

En ce 1er mai, Coopaname se joint à celles et ceux qui, de par le monde, célèbrent la journée de lutte pour les droits des travailleur·euses. Pour rester fidèle à l’esprit de cette journée – à la fois de lutte et de souvenirs – nous proposons un petit billet d’humeur pour rappeler brièvement les origines du 1er mai, et pour souligner l’actualité de son message.

Au-delà de la « fête du travail » : une journée de mobilisation et de conquêtes de droits !

Pour éviter les récupérations capitalistes et pétainistes de la « fête du Travail », précisions d’emblée que le 1er mai ne saurait être une journée pour exalter la « valeur travail », l’« esprit d’entreprise » ou de « conquête industrielle » de notre pays. Héritier des mouvements ouvriers de lutte pour la journée de travail de 8 heures à la fin du XIXème siècle, le 1er mai est d’abord une journée de mobilisations, et de commémorations.

C’est au IInd congrès de l’Internationale Socialiste à Paris, à l'occasion du bicentenaire de la révolution, en 1889, que Jules Guesde proposa de faire du 1er mai une journée internationale de lutte et de manifestations. Il s’appuyait alors sur une résolution des fédérations états-uniennes qui, depuis quelques années déjà, s’étaient saisies des premiers jours de mai (journées traditionnelles de clôture comptable aux États-Unis, et de fin de contrats pour les ouvriers) pour appeler à de fortes mobilisations pour la journée de travail de 8 heures. C’est à l’occasion de ces premières mobilisations de mai que le massacre d’Haymarket Square eu lieu, et que la répression du mouvement anarchiste et social s’amplifia aux États-Unis.

En France, le 1er mai est célébré pour la première fois en 1890 . En 1891, la manifestation tourne au drame avec la fusillade de Fourmies dans le Nord, clôturée par la mort d'une dizaine de manifestant· es.

L'emblème du 1er mai fût d'abord le triangle rouge symbolisant la triple revendication des 8 heures (8 heures de travail, 8 heures de sommeil, 8 heures de loisirs), avant d'être remplacé, en France, par la fleur d'églantine, souvenir des massacres du 1er mai à Fourmies, puis par le muguet, qui a la belle habitude de fleurir au printemps.

Le 1er mai est un jour chômé en Belgique, en Allemagne, en France, en Italie, au Luxembourg, au Brésil ou au Burkina Faso. Il est également fêté en Russie, au Japon, en Afrique du Sud, en Amérique Latine … et dans tant d’autres endroits.

1er mai : élaborer de nouvelles utopies du travail ?

La revendication de la journée de 8 heures peut paraître banale aujourd’hui. Elle pourrait même paraître naïve à côté d’une revendication de la fin du salariat tout court. Mais combien de consciences politiques, sociales, artistiques, féministes, antiracistes se sont construites pendant ces heures de libertés grappillées ? A une époque où la liberté syndicale et l’interdiction du travail des enfants n’avait même pas 10 ans ; la revendication d’une journée de 8 heures, équivalente aux 8 heures de sommeil et aux 8 heures de loisir, était un mot d’ordre utopique, radical, populaire.

Il nous semble que le 1er mai 2025 interroge la force de nos rêves et de nos ambitions, et qu’il révèle la nécessité d’élaborer de nouvelles utopies du travail. Quelles sont ces utopies et ces droits, à la fois radicales, populaires, joyeuses et subversives, que nous serions prêt·es – et surtout enthousiasmé·es – de revendiquer aujourd’hui ?

Nous sommes joueur·euses. Tentons l’exercice :

  • un statut du travail où subordination et protection sociale sont décorrélés ? Ou pour le dire autrement : la fin de la subordination dans le salariat ?
  • un droit à la subsistance (manger, se loger, s’éduquer, se soigner) décorrélé du travail et de son marché ?
  • un droit à l’égalité et à la citoyenneté dans l’entreprise ?
  • une semaine de 4 jours, ou de 3 ?
  • un vrai droit à la formation tout au long de la vie ?
  • une réforme du droit des sociétés pour convertir sous 10 ans toutes les entreprises en coopératives ?

L’économie sociale, lieu où tenir les pratiques et les utopies.

A Coopaname, le 1er mai nous rappelle également que la Coopérative d’Activités et d’Emploi (C.A.E) n’est pas une forme guillerette d'un "entreprendre autrement". C’est un lieu où fonder des appuis collectifs et matérielles pour interroger le rapport au travail dans la société, pour interroger le cadre rasséréné de l'emploi, la maudite subordination du salariat ; ou encore les pièges et les précarités entourant, dans le même temps, les discours libéraux sur l'autonomie. Un espace pour travailler au déboulonnage, par la pratique, des imaginaires capitalistes du travail. La tâche est difficile, souvent exigeante, mais il nous semble que c’est précisément ici, appliqués à cette œuvre, fidèles aux principes de l’économie sociale, que pourront naître des utopies ET des pratiques émancipatrices et populaires.

Belle fête du 1er mai à toustes,

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1- On peut par ailleurs trouver des ancêtres de cette fête pendant la révolution, avec le calendrier de Fabre d'Eglantine, ou du côté du Familistère de Guise à partir des années 1867.