Idées
Et si on réinventait le travail ?
Dessiner un avenir meilleur. Avec, en ligne de mire, l’espoir de retrouver un travail qui ne soit plus subi et qui redonne du sens à la vie.
Et la possibilité d’une carrière au cours de laquelle on puisse faire des pauses, bifurquer, sans craindre le chômage de longue durée.
Irréaliste ? Plus tant que ça. Ici et là s’inventent déjà des expériences – utopies concrètes diront certains – portées par la quête fragile d’une plus grande liberté.
C’est le cas des coopératives d’activités et d’emploi, dont la plus importante, Coopaname, regroupe plusieurs centaines de salariés […].

Pour une mutualité du travail
«Où est passé le travail ?» s’interroge Stéphane Veyer qui fait le constat que l’emploi et son corollaire, le chômage, l’ont sans doute étouffé.
Pourtant, l’économie sociale a beaucoup à gagner à réinvestir la question du travail, non pour créer des emplois, mais pour porter une vison émancipatrice du travail comme fondement d’un projet de société et faire naître un rapport au travail fondé sur ses valeurs : coopération, confiance, polyvalence, douceur…
C’est ce à quoi aspire une « mutuelle de travail associé ».

En 2012, le travail est resté féodal
«Peut-on continuer à se satisfaire d’un lien de subordination dont la protection du salarié n’est plus le corollaire ?
Peut-on continuer à voir ses millions de professionnels abîmés par des techniques dites modernes de management, ces sur-diplômés estropiés par la consigne imbécile, ces amoureux de la belle ouvrage mutilés par la création de valeur pour l’actionnaire ?
La réponse est sans conteste non.»
Ainsi conclut Stéphane Veyer dans cette tribune parue dans Libération, qui relève que «gagner en efficacité économique et créer à nouveau des emplois nécessite d’abord de changer le travail».
Et sur ce terrain, la solution coopérative à deux cents ans d’avance.

De l'auto-emploi à la coopération : le cas des coopératives d'activité et d'emploi
Les coopératives d’activités et d’emploi ont été créées en réponse au contexte de dégradation du rapport salarial, caractérisé par une atomisation de la relation de travail, et en réaction à l’appel des pouvoirs publics français incitant les chômeurs à créer des entreprises.
Ces entreprises coopératives partagées, ou mutuelles de travail, salarient les personnes souhaitant créer leur emploi dans un cadre collectif plutôt que de créer leur micro- ou auto-entreprise.
À partir de l’exemple de Coopaname, coopérative francilienne, les auteures tentent de montrer les ressorts socio-politiques et économiques qui poussent ces « entrepreneurs-salariés » à coopérer et à finalement cultiver un patrimoine immatériel collectif basé sur la confiance, la reconnaissance, la création de droits, etc., qui renforce le potentiel de créativité et d’innovation de ces individus.

Cessons de créer des entreprises !
Inciter des individus, notamment s’ils sont privés d’emploi, à vouloir « se mettre à leur compte » est non seulement une posture constante de la part des politiques publiques depuis quinze ans, mais aussi une « évidence » unanimement reconnue, dont personne ne met en doute la pertinence économique.
Pourtant, aucune étude n’est venue vérifier son efficacité. À y regarder de plus près pourtant, la microscopisation de l’entrepreneuriat aboutit à une équation cruelle : micro-entreprise + micro-crédit = micro-revenu + micro-protection sociale.
Face à ce processus, des personnes tentent la construction d’un modèle alternatif : la mutuelle de travail.
Issue du mouvement des coopératives d’activités et d’emploi, la mutuelle de travail est une entreprise coopérative dans laquelle des professionnels se protègent mutuellement leurs parcours professionnels.
Au-delà, c’est une réflexion sur l’économie qui est mise en pratique : comment réinventer l’entreprise afin qu’elle soit un outil démocratique d’épanouissement, de socialisation, d’émancipation, au service des aspirations de chacun ?

La quête du droit : approche de l’instauration d’une représentation du personnel dans une coopérative d’activités et d’emploi
Quel peut être le sens d’une représentation du personnel dans une coopérative d’activités et d’emploi ?
Déjà contestées dans les coopératives ouvrières de production de façon générale, les institutions représentatives du personnel semblent relever de l’absurde dans ces entreprises où les salariés sont économiquement autonomes, c’est-à-dire entrepreneurs de leur propre activité.
A Coopaname, coopérative d’activités et d’emploi rassemblant plus de 400 personnes en Ilede-France, le processus de mise en place de ces institutions aura duré deux ans avant que les élections aient effectivement lieu. Deux ans d’une quête de sens.
Au travers de cette démarche de recherche-action, c’est en effet la nature même du projet collectif et ses objectifs qui ont été réinterrogés.
Au-delà, et à présent que les représentants du personnel sont élus, c’est un processus de production de droit qui est engagé – processus qui questionne des notions aussi fondamentales que le lien de subordination, le dialogue social, ou les fondements de l’entreprise en tant qu’elle permet de « faire société ».

De la coopérative d’activités et d’emploi à la mutuelle de travail : produire du droit pour accompagner un projet politique d’économie sociale
L’histoire de l’économie sociale raconte avec constance que seules les innovations capables de produire du droit parviennent à défendre leur modèle ou tout au moins à en sauvegarder l’intégrité.
Cet exercice, les coopératives d’activités et d’emploi (CAE) ne l’ont globalement pas encore entamé.
En presque quinze ans d’existence, elles se sont appliquées à développer en leur sein des pratiques, des modes d’organisation ou de management, qu’aucune norme juridique n’est venu jusqu’ici formaliser.
Comment passer d’un faisceau de pratiques expérimentales à un corpus de règles positives, opposable aux tiers et mobilisable à des fins d’autorégulation ?
C’est cette question qui se pose aujourd’hui aux CAE, à l’occasion de la mise en place, dans les plus importantes d’entre elles, d’institutions représentatives du personnel et de nouvelles modalités de gouvernance.

Coopératives d'activité et d'emploi : des éléments de réponse de l'économie sociale au délitement du rapport salarial fordien
Dans cette communication, le développement des coopératives d’activités et d’emploi (CAE) est abordé comme une réponse de l’économie sociale à la transformation du rapport salarial fordien.
L’altération de ce modèle homogène a laissé la place à de multiples configurations, dans un contexte global d’individualisation du rapport au travail.
On assiste à la généralisation de la précarité des travailleurs, salariés ou indépendants, accentuée par la perte de leur pouvoir de négociation collective. Dans ce contexte, les CAE réinterrogent à la fois le modèle salarial et le modèle entrepreneurial.

La coopérative d’activités et d’emploi à la recherche d’un modèle productif
A partir de l’exemple de Coopaname, coopérative francilienne dont deux des coauteurs sont associés, nous montrerons que le développement des coopératives d’activités et d’emploi (CAE), bien qu’il se situe dans le champ de la production, procède avant tout d’une dynamique de nature politique.
Ce faisant, les CAE se heurtent au caractère difficilement soutenable de ce modèle économique (accès aux marchés, profitabilité, niveau des revenus versés), ce qui entre en contradiction avec leur capacité à produire un compromis interne.
C’est dans cet esprit que nous nous référerons à la notion de modèle productif, non pas pour montrer que la CAE est un modèle, mais pour favoriser la réflexion sur sa dynamique productive. Les CAE sont en effet construites sur le refus de la subordination et une quasi-absence de division technique du travail. L’originalité du modèle politique qu’elles produisent apporte des éléments de réponse individuelle et collective aux transformations du travail, mais interroge sur la stabilisation d’une dynamique productive.

Les Coopératives d’activités et d’emploi : un exemple de construction d’une innovation sociale
Les coopératives d’activités et d’emploi (CAE) sont globalement méconnues. Depuis leur émergence voici treize ans, ces entreprises n’ont cessé d’évoluer, rendant difficilement appréhendable la démarche qui les sous-tend.
Quelle est l’activité d’une coopérative d’activités et d’emploi ? Cette question simple n’a jamais trouvé de réponse simple, consensuelle, pérenne.
Notre contribution tente d’aborder cet enjeu en proposant une approche des avatars successifs des CAE depuis leur création.
Sur la base de la mue en cours à Coopaname, CAE installée en Île- de-France, nous avançons l’idée qu’une troisième génération de coopératives d’activités et d’emploi voit actuellement le jour qui mènera ces dernières à devenir enfin ce qu’elles sont : une forme nouvelle de mutualité, dont l’objet est la protection mutuelle des parcours professionnels.

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