Fusion des instances représentatives du personnel

Interview de Frédéric Rey, sociologue du travail
L’Ordonnance du 22 septembre 2017 relative à la nouvelle organisation du dialogue social dans l’entreprise instaure une instance unique de représentation du personnel : le Comité social et économique (CSE).
Il fusionne le comité d’entreprise, les délégués du personnel et le comité hygiène-sécurité et conditions de travail. Les entreprises de plus de 11 salariés ont jusqu’au 31 décembre 2019 pour mettre en place le CSE.
Dans cette perspective, c’est sur le thème du dialogue social que les coopanamien·nes ont cogité lors du séminaire du 10 novembre dernier sous le regard (et l’oreille attentive) du chercheur sociologue Frédéric Rey*, créant des ponts entre préoccupations quotidiennes et utopie sociétale.

Quel est votre sentiment sur le Comité social et économique (CSE) ?

Comme tout dispositif, il n’est pas une solution magique au dialogue social ! S’il pourra dans certains cas fluidifier et simplifier le dialogue social, le changement ne sera pas au rendez-vous si l’on n’y injecte pas du sens et de la cohérence, s’il reste routinier et hors sol. D’autre part, je ne pense pas que l’on puisse faire mieux avec moins d’heures et moins d’élus.

Que vous a inspiré cette journée de réflexion collective ?

L’image qui m’a été renvoyée est celle d’une organisation qui se pose les vraies questions et ne se contente pas, comme cela peut être le cas dans certaines entreprises, d’une simple mise en conformité avec la loi sans prendre en compte les difficultés et les aspirations des salarié·es ou encore les spécificités de la structure.

Pouvez-vous préciser votre pensée ?

J’ai vraiment été frappé par une incroyable volonté de produire du sens politique. On sent au travers de ce qui a été dit qu’il y a une envie forte de faire du CSE une arène de discussion démocratique et citoyenne connectée au conseil d’administration, aux commissions, aux comités.
Il y a d’abord eu ce questionnaire pour recueillir l’opinion des coopanamien·nes sur le sujet, puis le travail pédagogique autour de la création du CSE, enfin les ateliers et débats prospectifs.
Les questions soulevées ont été stimulantes : comment (re)penser la représentation du personnel dans ce nouveau cadre ? Quels rôles pour les futur·es représentant·es du personnel ? Comment permettre au CSE de trouver sa place et servir la gouvernance coopanamienne ?
Tout cela était très intéressant et l’on retrouve finalement les réflexions essentielles aux origines des IRP.

Si vous deviez résumer en un mot notre démarche, que diriez-vous ?

Qu’il s’agit d’une approche offensive, c’est à dire ni passive, ni défensive, mais socialement audacieuse.

Frédéric Rey est sociologue du travail et des relations professionnelles au laboratoire Lise-CNRS, maître de conférences en sociologie au Conservatoire National des Arts et Métiers (Cnam). Il s’intéresse aux transformations des relations sociales et des régulations collectives du travail et de l’emploi.