Idées

De l'auto-emploi à la coopération : le cas des coopératives d'activité et d'emploi

Les coopératives d’activités et d’emploi ont été créées en réponse au contexte de dégradation du rapport salarial, caractérisé par une atomisation de la relation de travail, et en réaction à l’appel des pouvoirs publics français incitant les chômeurs à créer des entreprises.

Ces entreprises coopératives partagées, ou mutuelles de travail, salarient les personnes souhaitant créer leur emploi dans un cadre collectif plutôt que de créer leur micro- ou auto-entreprise.

 

À partir de l’exemple de Coopaname, coopérative francilienne, les auteures tentent de montrer les ressorts socio-politiques et économiques qui poussent ces « entrepreneurs-salariés » à coopérer et à finalement cultiver un patrimoine immatériel collectif basé sur la confiance, la reconnaissance, la création de droits, etc., qui renforce le potentiel de créativité et d’innovation de ces individus.

Catherine Bodet et Noémie de Grenier, auteures de l'article
Par Catherine Bodet et Noémie de Grenier. Janvier 2011

La coopérative d’activités et d’emploi à la recherche d’un modèle productif

A partir de l’exemple de Coopaname, coopérative francilienne dont deux des coauteurs sont associés, nous montrerons que le développement des coopératives d’activités et d’emploi (CAE), bien qu’il se situe dans le champ de la production, procède avant tout d’une dynamique de nature politique.

 

Ce faisant, les CAE se heurtent au caractère difficilement soutenable de ce modèle économique (accès aux marchés, profitabilité, niveau des revenus versés), ce qui entre en contradiction avec leur capacité à produire un compromis interne.

 

C’est dans cet esprit que nous nous référerons à la notion de modèle productif, non pas pour montrer que la CAE est un modèle, mais pour favoriser la réflexion sur sa dynamique productive. Les CAE sont en effet construites sur le refus de la subordination et une quasi-absence de division technique du travail. L’originalité du modèle politique qu’elles produisent apporte des éléments de réponse individuelle et collective aux transformations du travail, mais interroge sur la stabilisation d’une dynamique productive.

Catherine Bodet, Thomas Lamarche et Noémie de Grenier
Par Catherine Bodet, Thomas Lamarche et Noémie de Grenier. Article publié en 2013 dans le n°329 de la RECMA

Construire les bases d’une CAE : l’émergence d’une entreprise de salariat, d’accompagnement et d’apprentissages mutuels

Quelle est l’activité d’une coopérative d’activités et d’emploi (CAE) ? Cette question simple n’a jamais trouvé de réponse simple, consensuelle, pérenne.

 

Notre contribution, menée dans un cadre de recherche-action par des praticiens des CAE, tente d’aborder cet enjeu en proposant une approche des avatars successifs des CAE depuis leur création. Sur la base de la mue en cours à Coopaname, CAE installée en Ile-de-France, nous avançons l’idée qu’une troisième génération de coopératives d’activités et d’emploi voit actuellement le jour qui mènera ces dernières à devenir enfin ce qu’elles sont : une forme nouvelle de mutualité, dont l’objet est la protection mutuelle des parcours professionnels.

Joseph Sangiorgio et Stéphane Veyer
Par Joseph Sangiorgio et Stéphane Veyer. Contribution au colloque 2008 de l'IEMN-IAE Nantes «Economie sociale et solidaire : nouvelles pratiques et dynamiques territoriales »
Si l'ESS existe, n'est-ce pas justement pour refouler la question de l'idéologie, du projet politique qui devrait normalement se loger au coeur de toute initiative associative, coopérative ou mutualiste?
Extrait de « L’ESS, cette chimère enfantée par la puissance publique », une tribune d'Anne-Laure Desgris et de Stéphane Veyer (la Manufacture coopérative), L'Humanité, janvier 2014

La quête du droit : approche de l’instauration d’une représentation du personnel dans une coopérative d’activités et d’emploi

Quel peut être le sens d’une représentation du personnel dans une coopérative d’activités et d’emploi ?

Déjà contestées dans les coopératives ouvrières de production de façon générale, les institutions représentatives du personnel semblent relever de l’absurde dans ces entreprises où les salariés sont économiquement autonomes, c’est-à-dire entrepreneurs de leur propre activité.

 

A Coopaname, coopérative d’activités et d’emploi rassemblant plus de 400 personnes en Ilede-France, le processus de mise en place de ces institutions aura duré deux ans avant que les élections aient effectivement lieu. Deux ans d’une quête de sens.

Au travers de cette démarche de recherche-action, c’est en effet la nature même du projet collectif et ses objectifs qui ont été réinterrogés.

Au-delà, et à présent que les représentants du personnel sont élus, c’est un processus de production de droit qui est engagé – processus qui questionne des notions aussi fondamentales que le lien de subordination, le dialogue social, ou les fondements de l’entreprise en tant qu’elle permet de « faire société ».

Nathalie Delvolvé et Stéphane Veyer
Par Nathalie Delvolvé et Stéphane Veyer. Contribution au 23e colloque de l'ADDES « Economie sociale : les frontières se sont elles déplacées ? », publiée en 2011 dans le n°319 de la Recma

Les Coopératives d’activités et d’emploi : un exemple de construction d’une innovation sociale

Les coopératives d’activités et d’emploi (CAE) sont globalement méconnues. Depuis leur émergence voici treize ans, ces entreprises n’ont cessé d’évoluer, rendant difficilement appréhendable la démarche qui les sous-tend.

Quelle est l’activité d’une coopérative d’activités et d’emploi ? Cette question simple n’a jamais trouvé de réponse simple, consensuelle, pérenne.

 

Notre contribution tente d’aborder cet enjeu en proposant une approche des avatars successifs des CAE depuis leur création.

Sur la base de la mue en cours à Coopaname, CAE installée en Île- de-France, nous avançons l’idée qu’une troisième génération de coopératives d’activités et d’emploi voit actuellement le jour qui mènera ces dernières à devenir enfin ce qu’elles sont : une forme nouvelle de mutualité, dont l’objet est la protection mutuelle des parcours professionnels.

Joseph Sangiorgio et Stéphane Veyer
Par Joseph Sangiorgio et Stéphane Veyer. Article publié en 2009 dans le revue internationale Projectics / Proyéctica / Projectique 1/2009 (n° 1) , p. 51-61
Citoyen•ne•s, nous n'acceptons pas que la démocratie s'arrête aux portes des entreprises. Professionnel•le•s, nous refusons que l'impératif de productivité et de rentabilité financière continue à primer sur la qualité de la production, des rapports sociaux dans l'entreprise, sur la déontologie, la pratique et la transmission de nos métiers et savoir-faire. Nous sommes de plus en plus nombreux et nombreuses à vouloir reprendre le contrôle de nos vies et de notre travail.
Extrait de « Négociations Unédic. Le travail n'est pas un coût, le chômage n'est pas un délit », tribune collective. Médiapart, février 2014

De la coopérative d’activités et d’emploi à la mutuelle de travail : produire du droit pour accompagner un projet politique d’économie sociale

L’histoire de l’économie sociale raconte avec constance que seules les innovations capables de produire du droit parviennent à défendre leur modèle ou tout au moins à en sauvegarder l’intégrité.

Cet exercice, les coopératives d’activités et d’emploi (CAE) ne l’ont globalement pas encore entamé.

En presque quinze ans d’existence, elles se sont appliquées à développer en leur sein des pratiques, des modes d’organisation ou de management, qu’aucune norme juridique n’est venu jusqu’ici formaliser.

 

Comment passer d’un faisceau de pratiques expérimentales à un corpus de règles positives, opposable aux tiers et mobilisable à des fins d’autorégulation ?

C’est cette question qui se pose aujourd’hui aux CAE, à l’occasion de la mise en place, dans les plus importantes d’entre elles, d’institutions représentatives du personnel et de nouvelles modalités de gouvernance.

Nathalie Delvolvé et Stéphane Veyer
Par Nathalie Delvolvé et Stéphane Veyer. Contribution publiée en juin 2009 dans les actes du Colloque « Entreprendre en économie sociale et solidaire : une question politique ? » – IXe Rencontres Internationales du RIUESS – Roannes

Coopératives d'activité et d'emploi : des éléments de réponse de l'économie sociale au délitement du rapport salarial fordien

Dans cette communication, le développement des coopératives d’activités et d’emploi (CAE) est abordé comme une réponse de l’économie sociale à la transformation du rapport salarial fordien.

 

L’altération de ce modèle homogène a laissé la place à de multiples configurations, dans un contexte global d’individualisation du rapport au travail.

On assiste à la généralisation de la précarité des travailleurs, salariés ou indépendants, accentuée par la perte de leur pouvoir de négociation collective. Dans ce contexte, les CAE réinterrogent à la fois le modèle salarial et le modèle entrepreneurial.

Catherine Bodet et Noémie de Grenier
Par Catherine Bodet et Noémie de grenier. Contribution publiée en juin 2011 dans les actes du colloque "L'ESS et le travail" - XIe Rencontres du RIUESS
Le coeur de notre savoir-faire consiste à construire une organisation sur des bases fondamentalement différentes de celles d’une entreprise classique. Une de ces bases est la confiance. C’est peut-être cela, le secret de l’affectio societatis des Coopanamien·nes. Tout le monde est tellement dubitatif à l’idée que la confiance puisse fonctionner dans le monde économique que lorsque c’est le cas, les gens ont à coeur de ne pas trahir cette confiance.
Extrait de Stéphane Veyer, Conférence/débat au Séminaire "Économie et sens" organisé par "Les amis de l'école de Paris" et le Collège des Bernardins, avril 2011

La transmission au cœur de l’économie politique des coopératives

La crise du modèle de la valeur actionnariale et de son univers de marchés financiers supposés efficients, a relancé la question de la propriété de l’entreprise en lien avec sa finalité et le contrôle de ses décisions stratégiques. En particulier, l’idée d’une propriété de l’entreprise par les actionnaires a été remise en cause au motif que l’entreprise, OVNI juridique, n’est pas la société de capitaux que le droit définit comme une personne morale. Si les actionnaires sont seulement propriétaires de leurs actions, il convient alors de refonder l’entreprise (Hatchuel et Segrestin, 2012), d’interroger ses responsabilités sociales (Roger éd., 2012), voire de sortir de l’entreprise capitaliste (Bachet et alii, 2008) et, finalement, de se demander à qui appartient l’entreprise (Chassagnon et Hollandts, 2014).

Toutefois, le débat sur la propriété de l’entreprise s’avère complexe à arbitrer et, surtout, insuffisant à trancher la question de la primauté des actionnaires (Gosseries, 2012). Partageant avec Favereau et Robé (2012), la prémisse que ni l’entreprise ni la société ne sauraient en droit avoir de propriétaires, nous suivrons donc une autre piste pour aborder l’entreprise, non pas celle de ses propriétaires mais celle de ses agents de pouvoir exerçant ce dernier au nom de l’intérêt social de l’entreprise appréhendée dès lors comme une organisation politique.

Joseph Sangiorgio - Coopaname / Hervé Defalvard Erudite UPEM
Joseph Sangiorgio, Coopaname et Hervé Defalvard, Erudite UPEM. Ce texte a été présenté au Congrès de l’Afep, les 1, 2 et 3 juillet 2015, Lyon

Cit’in · Vers une transition ordinaire

Emmanuelle Besançon (Institut Godin / CRIISEA) Catherine Bodet (La Manufacture coopérative) Philippe Chemla (SCIC TETRIS) Nicolas Chochoy (Institut Godin / CRIISEA) Geneviève Fontaine (Institut Godin / SCIC TETRIS / GREDEG) Noémie de Grenier (Coopaname / La Manufacture coopérative) Thomas Lamarche (Université de Paris–Ladyss / La Manufacture coopérative) Jennifer Saniossian (Institut Godin / LEM)

Nous sommes partis du constat suivant : la citoyenneté économique, dans la réflexion sur la transition écologique et solidaire, est essentiellement abordée sous l’angle de la consommation responsable, alors que la réflexion sur les modes de travail, les formes d’entreprendre et de coopération et, plus largement, les modes d’organisation de la production est trop souvent manquante, aussi bien dans les initiatives que dans les recherches menées sur le sujet. Sur cette base, un consortium d’acteurs et d’institutions de recherche en lien avec l’ESS (Coopaname, Manucoop, SCIC Maison d’Economie Solidaire, SCIC TETRIS, Institut Godin, UMR LADYSS, UMR GREDEG), inscrits dans trois territoires (Beauvaisis, Pays de Grasse et Paris), ont formé le groupe TACITE- Travail Autonome, Coopérations et Innovation Sociale pour la Transition Ecologique - engagé depuis juin 2018 dans le programme Cit’in (https://www.cit-in.fr/). […]

> La suite sur le site de Cit’in

Cit’in · Vers une transition ordinaire - Couverture
Contacts : thomas.lamarche@u-paris.fr - recherche@scic-tetris.org - institutgodin@gmail.com
Et si on arrêtait de parler d’ubérisation ? Uber n’est jamais que le énième rejeton estampillé révolution numérique d’une longue lignée d’entreprises qui ont fait de la prédation de la valeur au service des actionnaires la seule finalité de l’agir économique.
Extrait de « Luttons pour la maîtrise démocratique du numérique », une tribune de Luc Mboumba, ex-codirecteur général de Coopaname. L'Humanité, mars 2016

Rapport d'enquête sur les revenus et temps de travail Coopaname/Oxalis

A peine trois ans après le début des travaux, voici le rapport détaillé de l’enquête sur les revenus et temps de travail des coopérateurs·rices menée par Oxalis et Coopaname.

 

Cette enquête se caractérise par une démarche de recherche-action, impliquant à la fois des acteur·trices et des chercheur·ses. Sur une proposition d’Antonella Corsani (socio-économiste, IDHES-Paris 1) et Marie-Christine Bureau (Cnam-Lise), une équipe s’est constituée incluant ponctuellement d’autres chercheurs (Sébastien Broca, Mathieu Rossignol-Brunet) ainsi que des membres de Coopaname et d’Oxalis.

On peut parler d’un véritable travail de co-construction à toutes les étapes de l’enquête, de la définition des objectifs à la production d’une synthèse en passant par l’analyse des données et l’élaboration du questionnaire.

Ce travail de recherche s’inscrit dans une perspective d’amélioration et de transformation des pratiques : dans ce cadre, le processus importe autant que les résultats.  

Par Antonella Corsani (IDHES -Université Paris 1 Panthéon Sorbonne), Marie-Christine Bureau (LISE-CNAM) et Mathieu Rossignol-Brunet